19/08/2005

Lionel : un an au Danemark - 1

Après un an passé au Danemark à l’International Academy de Michaël KJELDSEN, après Loïc De Vrye, Masterbad a demandé à Lionel WARNOTTE de nous laisser ses impressions sur son expérience danoise. Tout au long de l’année, Lio et Loïc nous ont déjà donné quelques échos de leur séjour. L’interview de Lionel répond au commentaire de  Pedro Vanneste déposé le 18 août : http://masterbad.skynetblogs.be/?date=20050818&number...

Masterbad : Bonjour Lio, une année complète consacrée au badminton, au Danemark à l'International Académie, c'est une expérience exceptionnelle. Probablement, pour toi, ce devait être un rêve de gosse ?
Lionel Warnotte : Effectivement, cela fut une année très bénéfique et cela restera à tout jamais gravé dans ma mémoire. Jeune, j'ai eu Laurent Koch comme entraîneur, et à cette époque, jouer un jour à son niveau était déjà un rêve, je te laisse deviner ce que le Danemark fut alors pour moi cette année
Masterbad : Comment cela a-t-il été possible ? La motivation et la passion commune avec tes parents, n'y sont pas étrangères ?
Lio : Mon père m'en avait un jour touché un mot sur un projet de partir en Chine 1 an, mais la mentalité chinoise m'effrayait tout de même un peu et je lui ai parlé plutôt du Danemark. J'ai alors pris des renseignements auprès de Rainer Diehl et avec mon père, nous avons commencé les recherches et pris des renseignements auprès de Kjeldsen. Je remercie encore une fois mon père et ma mère de m'avoir offert cette superbe année et d'avoir tout mis en oeuvre pour la financer.
Masterbad : Le Badminton, au Danemark, est-il différent de chez nous ? L'approche de l'entraînement est-il autre ?
Lio : L'on pourrait comparer leur Badminton avec notre tennis actuel. Un nombre incroyable de clubs possédant toujours des structures exceptionnelles dans chaque petite ville y sont présents. Les communes ont toutes leur Badminton Hall réservé uniquement au badminton...des salles parfaites donc.
Ensuite, chaque club a plusieurs entraîneurs, pour les plus jeunes de 5-6 ans jusqu'aux équipes d'interclubs...
Les entraîneurs corrigent tous ce qui est possible jusqu'à ce que le joueur ait corrigé parfaitement le mouvement ou déplacement. L'on y recherche vraiment la perfection, jusque dans les moindres détails, parfois oubliés chez nous par exemple.
Mais ce sport là-bas est si populaire, sachez que tout le monde connaît Peter Gade ou Camilla Martin...Le fait qu'ils tournent des pub n'est pas un hasard...
Masterbad : Avec un peu de recul, crois-tu que la formation en Belgique, compte tenu des moyens disponibles, est en général bonne ?
Lio : Je pense que le problème que nous avons en Belgique se trouve au niveau des clubs, qui n'ont que très rarement un entraîneur ou un centre de jeunes. Si l’on ne s’occupe pas de nos jeunes joueurs, il est clair que nous n’aurons pas de futur champion...
La ligue fait d'énormes sacrifices mais elle ne peut pas, avec un entraînement par mois pour les sélectionnés Lfbb, en faire des stars...
Il est dommage que nous n'avons pas plus d'entraîneurs, le problème se trouve exactement là, le badminton est un loisir et très peu de personnes s'intéressent aux nouvelles techniques de frappes et déplacements, et sans ces entraîneurs, le badminton restera toujours bloqué au niveau "d'amateur".
Masterbad : De l’International Academy, pourrais-tu nous donner quelques noms et leur pays d'origine (Garçon et Fille) ?
Lio : Marc Zwiebler (Allemagne), Ville Lang (Finlande), Rajiv Ousef (Angleterre), Linda Zetchiri (Bulgarie), Jeanine Cicognini (Suisse), Anastasia Russkikh (Russie) ma colocataire du Danemark. (Masterbad : Ils sont tous aux Championnats du Monde à Los Angeles)
Yuhan Tan (Belgique) pourrait suivre ce train.

Masterbad : Loïc nous disait être marqué par Kjeldsen, son attitude et sa motivation. Partages-tu cette opinion ?
Lio : En effet, cet entraîneur a quelque chose, un don pour te faire comprendre ce qu’il veut et attend de toi, mais il ne l'exprime pas, tu le comprends par la manière dont il explique certaine chose, tu finis par deviner le bon chemin à prendre.
L'on dit qu'il fait partie des 5 meilleurs entraîneurs du monde, et je peux t'assurer qu'il mérite et vaut bien cet honneur.
Tous ce que je peut te dire, c'est que dans l'académie, les fainéants n'y restent pas longtemps, ceux qui ne savent ou ne veulent pas mourir à un entraînement sont soit jeter, soit ils ne reviennent plus. En anglais, cela donne : "I don’t want loosers in my academy"
Masterbad : Pourrais-tu nous raconter une anecdote particulière, survenue dans le cadre de l'IBA ?
Lio : Fin Mars, on travaillait beaucoup avec des exercices tactiques où on ne devait absolument pas faire de "fautes faciles"...et pour moi je devais aussi toujours rester positif et confiant. Cela faisait 2 semaines qu’on travaillait sur ce programme, et Kjeldsen savait très bien que jouer sans fautes était quelque chose de très dur pour moi, puisque je prends souvent des risques. Un jour, je jouais un match et j'étais retombé dans la spirale négative qui te fait râler et où tu ne joues plus du tout tactiquement. A ce moment, j’ai dû sûrement fort décevoir Michael, qui à la fin du match est venu me voir pour discuter. Il m'a demandé tout simplement ce qui n’allait pas, et je lui ai dit : voilà, je n'arrive pas à jouer dans le terrain sans faire de fautes. Là-dessus, il m’a répondu, Lionel, tu es le premier joueur que je rencontre qui est incapable de jouer sans faute, et en te voyant jouer, j'ai la sensation que tu ne t'amuses pas sur un terrain, alors si j’étais à ta place, j'arrêterais le badminton... Je lui ai posé la question s’il me disais d'arrêter pour une semaine ou vraiment toujours ?
Il m’a répondu : Pour toujours ! Revends tes raquettes, tout, et arrête de jouer, tu ne deviendras pas un bon joueur puisque tu es incapable de jouer sans faire de faute.
Quand j’ai entendu cela, cela faisait vraiment mal au coeur!!!!
Apres cet entraînement, nous sommes allé courir et j'avais décidé de lui prouver tout le contraire, ce jour là, je me suis donné à fond. A la fin du programme de course, nous avons discuté sur ce qu'il m'avait dit, et m'a demandé ce que je comptais faire. Je lui ai simplement répondu, Michael, je vais te prouve que tu te trompes à propos de moi.
Bref, 3 semaines plus tard, j'avais complètement changé, je jouais avec beaucoup moins de fautes et réussissais à battre des joueurs que je ne battais pas avant, ou rarement.
Je lui alors un jour demandé, que puis-je encore perfectionner dans mon entraînement ? Il m'a répondu que la façon dont je faisais les choses était difficilement perfectible. Je l’ai alors remercié de m'avoir dit ces mots blessants.
Tu vois, ceci est un exemple de Kjeldsen, il te dit quelque chose qui va te faire changer. Ici, il m’a blessé, mais en fin de compte, il a eu ce qu'il voulait, une réaction de mon coté, sans pourtant me l'avoir demandée.
Masterbad : Si tu ne devais retenir qu'un seul enseignement de cette année (pour le Badminton), quelle serait-elle ?
Lio : Prendre plaisir et s'amuser sur un terrain te feront aussi progresser, tout ne te réussit pas tous les jours, et c’est dans les jours moindres que tu dois t’investir le plus, et jamais lâcher, se battre et mourir jusqu’au dernier point.



12:35 Écrit par vincent hecquet | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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