24/01/2010

Coaching

Nuremberg - 22 décembre 2009 - par Ron Daniëls

Comment l'Europe peut-elle vaincre l'Asie dans le futur ? partie 2

DANIELS Ron 2009 z


Après ce qu j'ai dit la dernière fois, que les joueurs asiatiques ont une longueurs d'avance sur nous sur le niveau culturel, je m'approfondirai maintenant sur comment on doit donner un entraînement correct et finalement à vaincre.


* arrêter l'entraînement de groupe ;
* depuis le plus jeune âge, faire de l'entraînement tactique ;
* chaque entraînement, de l'entraînement technique, beaucoup d'attention aux feintes ;
* commencer très tôt à faire des profils des joueurs et ajuster régulièrement ;
* jouer chaque match avec un plan de bataille.
 
En général :
 
En Europe, on doit partir plus sur nos côtés forts et ne plus suivre l'Asie comme un animal du troupeau. On peut prendre l'exemple de l'Allemagne, d'où on prend le savoir des pays d'étrangers mais ils tiennent fort à leur façon de penser. Nous devons travailler plus ensemble entre les différentes fédérations d'Europe, au lieu que "chacun invente sa roue en carré" (une expression !!). Je peux m'imaginer que les fédérations font des échanges pour des stages dans le système européen. Tout le monde, aussi bien qu'il soit, devient aveugle et il va avoir dur pour guider l'évolution de ses joueurs. Des nouveaux avis et d'idées sont d'une importance majeure.
 
Je vois peu de pays comme le Danemark où les choses sont communiquées si bien et si clairement.
Le livre BATK (Badmintons Aldersrelaterede Traenings Konsept) de 2008 nous montre  une très belle image de comment les Danois voient leurs points forts et faibles et  ce qu'ils doivent faire dans le futur. Je dois être clair que ces écrits ne sont pas dans cet article, car chaque pays a ses problèmes spécifiques.
 
Tous les entraînements doivent changer, bien sûr il y a des choses qu'on peut donner en groupe, mais à 90% on doit supprimer cette forme d'entraînement. Chaque entraîneur doit savoir donner 3 à 4 types d'entraînements différents sur la même soirée. Donc l'entraîneur a plus de devoir à la maison et devient sur l'entraînement le gardien de la qualité et l'adviseur.

L'entraînement doit venir plus du joueur lui-même, il doit savoir à quel partie de son jeu il doit travailler et comment il doit le mettre dans l'image du profil. L'entraîneur fait un programme d’entraînements pour 3 à 4 différentes parties qui doivent être réalisée par différents joueurs et les joueurs construisent avec l'accord de l'entraîneur. Ca donnera beaucoup de problèmes dans les clubs car joueurs et entraîneurs ne sont pas habitués de travailler de ce niveau, donc il faudra du temps pour que cela devienne une habitude.
 
Au début, l'entraîneur va avoir beaucoup de poids sur les épaules pour tenir une vue globale sur les demandes et de surveiller sur la qualité de la technique de l'entraînement. Les joueurs vont avoir un plus grand rôle dans le vouloir et le devoir de l'entraînement et ils sont beaucoup plus responsables sur la partie de leur condition physique à l'entraînement, les entraîneurs fixent un but et régulièrement ils font des contrôles pour voir qui satisfait à la demande.

Les joueurs qui ne satisfont pas, vont avoir moins d'attention pendant l'entraînement, les joueurs sont beaucoup plus responsables et j'exige que les joueurs comprennent le niveau tactique et qu ils le réalisent. Travailler avec des charges et le réaliser est d’une grande importance !

Mettre les meilleurs entraîneurs avec les plus jeunes joueurs, je ne comprends pas qu'il y a des chefs entraîneurs dans les clubs et que les fédérations ne se mêlent pas pour l'entraînement de plus jeunes joueurs. Pour ceci je dois dire que Holgar Hasse (entraîneur national U19, GER) est un excellent exemple en Allemagne. Il connaît les meilleurs jeunes talents, à tout niveau, et il discute sans arrêt avec les entraîneurs du club et du pays pour guider au mieux ces joueurs. Et on ne parle pas de quelques uns mais de nombreux joueurs. Mais de loin le Danemark reste le meilleur pays d'Europe pour les entraînements des jeunes enfants au niveau de réfléchir sur l'entraînement et tous les aspects autours.
 
Chez les plus jeunes c'est la technique et la tactique au premier plan et pas du tout "pour gagner", je trouve moi-même que gagner en bas âges empêche l'évolution du sport. Pour ces jeunes, le terrain est aussi grand que chez les adultes, si tu veux laisser sentir aux U9 comment la tactique est réellement, alors il faut construire des terrains plus petits, car sur les grands terrains, le joueur n'est pas puni pour les fautes tactiques (les frappes d'ouvertures en croisé).
 
On peut faire 2 choses :

A. On fait des terrains plus petits.

B. On explique à 100 % aux enfants que la tactique est plus importante que gagner à cet âge. Ceci doit être clair pour tout le monde, car des parents bien intentionnés à côté du terrain, qui crient "c'est bien, continue" sur des frappes croisées aux mauvais moment, ça peut m'énerver énormément.
 
 
DANIELS Ron German Group 2009

Sur une courte période c'est pas mal car il y a le point, mais c'est catastrophique pour l'évolution du joueur, qui pendant la période de l'apprentissage, stimule quelque chose de mauvais chaque fois. Quand ils seront plus âgés mais surtout plus grands, le terrain devient plus petit et soudain toutes ses frappes d'où ils gagnaient des points, sont devenu des attrapes et tout le terrain s'ouvre.  Les mêmes parents sont de nouveau à côté et disent "comment tu peux être si bête de jouer ainsi ?"
 
Alors essaye une fois, comme entraîneur, de corriger cela si on te sert un "talent". En Asie on s'occupe beaucoup de ces problèmes, même si à mon avis, ils se fixent encore de trop "pour gagner", mais ils exécutent la bonne tactique, donc plus tard plus de problèmes avec des mauvaises habitudes.
 
Mon propos est, sur les tournois de U13, que jouer devient plus important que gagner et de donner un prix pour les joueurs avec la meilleure tactique, ce sera par définition pas le joueur qui gagnera le tournoi.
 
Beaucoup d'attention pour l'entraînement technique est un des raisons le plus important pourquoi on ne sait plus faire de l'entraînement en groupe. En Asie, on fait beaucoup d’heures de volant, chaque jour à recommencer. Quand j'étais au centre national de Malaisie, il y a quelques années, j'ai vu un entraînement de Yan Yan pour les joueurs de simple de l'équipe nationale. Pendant des heures il travaillait avec un joueur qui répétait seulement la défense revers avec un léger changement au niveau du grip. Sans arrêt des joueurs lui envoyaient des smashes, ils étaient remplacé, mais lui restait pendant 2 heures et demi travailler sa défense revers. Il y a peu de joueurs européens qui réaliseront ceci, ils n'ont pas assez de patience ni de concentration.
 
Donc nous devons se concentrer sur la qualité de l'entraînement. Ici la combinaison entre L'Asie et le Danemark vient sur la surface; le niveau de l'entraînement technique au Danemark, chez les entraîneurs est spécialement très haut. J'ose même dire qu'aux Pays- Bas, il y en a au maximum 5 qui ont ce niveau, en Belgique il n'y en a pas, si on ne compte pas sur les entraîneurs étrangers. Mais même en Allemagne, le nombre n'est pas beaucoup plus haut. Pour vous donner une idée, en proportion avec le Danemark où il y en a une centaine, alors chaque entraîneur pourrait être un coach national dans des pays comme les Pays-Bas et la Belgique. On peut voir que ce pays peut former régulièrement des joueurs de top niveau absolu. Je peux dire, par ma propre expérience, que la Danemark donne une très grande importance  à ces entraînements techniques sur tous les niveaux; cette manière d'entraîner on le trouve aussi chez les joueurs, quelque chose que je ne trouve pas chez les joueurs dans d'autres pays.
 
Pour la formation des entraînements, il faut beaucoup plus d'attention sur la technique et la tactique de l'entraînement. Chaque entraînement de jeunes de U9 jusqu'à U15 doivent contenir des éléments de jeu de technique et de tactique; la force, le travail des pieds et la condition sont moins importants. Le terrain est trop grand pour le travail des pieds, pour les jeunes, donc la bonne façon de se déplacer n'est pas encore très importante, ce qui est très important c'est le démarrage et l'arrêt du joueur. L'entraînement Rapid Deceleration est de très grande importance, de sorte que la vitesse est entraînée dans le muscle de la mémoire, chaque forme de la vitesse dans les mouvements très courts doit revenir dans la technique, en se fixant sur la force excentrique.
 
Jouer les mouvements de feintes est important mais il est aussi important que pendant l'entraînement  on apprenne  les aperçus de ces mouvements. Pour cela il faut faire bien attention du démarrage et de l'arrêt des pieds, en travaillant avec le poids du corps. Un exercice que je fais souvent, c'est le multi shuttle feeding, d'où je lance les volants vers le joueur et il doit les éviter; et ceux que je lance à côté le joueur, il doit les attraper. Tu peux compliquer cet exercice en faisant des feintes. En lançant le volant vers le corps, les joueurs bougent leurs poids en arrière; si tu lances le volant devant eux, ils doivent changer leurs poids le plus vite possible en avant. C'est une façon d'entraînement très efficace, aussi avec les enfants.
 
Les entraînements au club doivent être moins en groupe, chaque entraîneur doit savoir travailler avec 3 jusqu'à 4 programmes différents sur un midi ou une soirée. Les joueurs ne peuvent pas compter sur l'attention de l'entraîneur, si il doit achever autant de programmes, donc les joueurs doivent être conscients de ce qu'ils veulent apprendre pendant l'entraînement et pendant les tournois.
 
L'entraînement technique que je vois pour le moment dans différents pays est trop général. Ca ne peut pas autrement, si tu vois le nombre de joueurs qu'un entraîneur a par soirée. Il ne peut pas être à côté le terrain en regardant 1 ou 2 joueurs pour constater chaque faute, ou pour regarder et retrouver d'où vient le problème.
 
Les entraîneurs n'ont pas appris de travailler de cette façon. Notre sport n'a pas évolué sur ce point de l'entraînement, seulement les lignes traditionnelles. Chaque nouvelle façon d'entreprendre vient pour 95% des autres sports, car notre façon s'est figée.
 
Ce n'est pas différent en Asie, je dois dire et même un pays comme l'Indonésie commence aussi avoir des retards; eux aussi se rendre compte qu'ils doivent renouveler le système s’ils veulent suivre le niveau des Champions du Monde. Les traditions et la culture se contre-travaillent, car être vieux donne des avantages dans ces pays, et si ça marchait il y a 20 ans, ça marchera encore aujourd'hui, qu'ils pensent. Parler de la technique aux plus petits détails donne des longues discussions et tu dois oser t'ouvrir. Depuis toutes ces années que je suis dans le circuit, j'ai constaté qu'il y a peu d'entraîneurs qui veulent le faire.

Des centaines d'entraîneurs que j'ai connu et que j'ai travaillé avec, il n'y en a que 10 qu'on peut avoir une discussion développée et qu'on a appris quelque chose. Une des conditions est, comme d'habitude,le langage, pour bien faire il faut connaître la langue du pays pour comprendre le moindre détail. Si je ne parle pas bien la langue, je parle dans les 2 langues, par exemple je comprends très bien l'allemand mais je ne parle pas très bien. Donc mon collègue me parle en allemand et moi je lui réponds en anglais avec quelques mots allemands. Au Danemark je n'ai pas eu ce problème heureusement, car je parle aussi bien le danois que le néerlandais. Au Danemark les entraîneurs sont les plus ouverts (c'est pourquoi ce pays est beaucoup plus loin que tous les autres) et surtout les entraîneurs comme Jan Damsgaard et Martin Christensen sont des entraîneurs exceptionnels. Aux Pays-Bas se sont Aad van Zeijl en Leonard van Velzen qui sont très ouverts. L'Allemagne est assez renfermée, mais les entraîneurs comme Holgar Hasse et Udo Lehmann sont bien pour avoir des conversations nocturnes. La Belgique n’a malheureusement pas des entraîneurs de très haut niveau après le départ de Addy Regelbrugge, qui était aussi très agréable.
 
C'est ne plus impensable que les entraîneurs peuvent encore travailler sans faire un profil approfondi de chaque joueur, on ne sais pas aller loin sans savoir où tu es à présent. C'est important que l'entraîneur le sache, mais c'est encore plus important que  le joueur save et comprend. J'aimerai voir ce profil comme un média interactif, d'où le joueur, l'entraineur et partenaires savent écrire dessus. Je suis un grand partisan d'un esprit ouvert pendant l'entraînement et du coaching des joueurs. Plus d'une fois je l'ai utiliser, après un match d'un de mes joueurs, j'ai rencontré l'adversaire et eu une conversation avec lui sur la tactique. Je l'ai fait exprès en Belgique, parce que là il règne un tabou de conversation, à cause de ça il y avait souvent un esprit négative entre les groupes. Mes joueurs étaient choqués quand je l'ai fait pour la première fois, mais c'est bien, car tous les joueurs apprennent et mes joueurs ont aussi leurs intérêts. Donc un très large profil de joueurs est très important, même dans les clubs c'est nécessaire. Pour l'instant je compte sur chaque heure donnée dans la salle, une heure derrière l'ordi pour faire des programmes et d'ajuster les profils. Les profils ne doivent pas que donner les situations actuelles mais aussi à ce que l'entraîneur voit dans le potentiel futur et le patron de développement. Si le joueur n'évolue pas comme prévu, on peut vite agir et trouver la cause.

HERTTRICH Isabel GER 09

Chaque joueur doit apprendre à jouer suivant un plan(tactique) et on est mauvais en Europe pour ça ! Je suis impressionné d'une joueuse allemande qui, à mon avis, après Carmila Martin est le plus grand talent que j'ai vu en Europe. Elle s'appelle Isabel Herttrich, elle a 17 ans et elle vient de Lauf. J'ai eu l'honneur d'entraîner Isabel tous les jours pendant un an et demi et de l'accompagner aux tournois. Mais tant que je ne lui dit "fait ceci ou cela" et je lui demande ce qu'elle a l’idée de faire, elle me répond en allemand les mots (que je hais) "Keine Ahnung ???" = aucune idée.
 
Comment est ce possible qu'une super talent comme Isabel ne sait pas ce qu'elle doit faire. De plus je suis certain qu'elle ne le dira pas ainsi, elle ne sait vraiment pas.
On doit absolument faire beaucoup d'attention à la tactique, sur tous ce qu'on fait à l'entraînement et je n'exagère pas ! En ce moment, je fais de l'entraînement tactique costaud chez les U9 et les U11, car cela doit se faire. Ici cela n'a pas d'importance d'où vient l'information, mais j'ai appris beaucoup en lisant la technique de Sun Tzu,

( http://www.chinapage.com/sunzi-e.html ). Oublie que ça parle de la guerre et lis à la place du mot guerre, tu lis le mot badminton et tu vois le contenu de la tactique sur le terrain.
 
Un petit mot pour terminer :
 
J'ai écris une fois à Piet (Ridder) que je ne vois pas l'utilité de ces articles, car il n'y a pas de discussion qui démarre et tout reste le même. Nous, les vieux nous devons commencer à réfléchir comment servir l'intérêt général de notre sport et de se considérer un peu moins importants et de réfléchir si on s'occupe bien de la jeunesse, car ce n'est pas leurs fautes s’ils n'ont que nous pour s'occuper d'eux.

Article originale en néerlandais est disponible sur : http://www.pietridder.nl/index.php?option=com_content&view=article&id=95:azie-verslaan-deel-twee&catid=46:ron-daniels

Merci à Karin MOENS pour la traduction.

20:26 Écrit par vincent hecquet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coaching |  Facebook |

Les commentaires sont fermés.