22/11/2005

France – Jean-François LAMOUR, ministre du Sport

Extrait LE MONDE | 10.11.05 à propos des évènements du début du mois en France.

Le sport facteur d’intégration sociale

France : 100 millions d’Euros pour les clubs sportifs.

 

Jean-François Lamour : "Brûler un gymnase, c'est pour un jeune, comme se tirer une balle dans le pied".

 

Des installations sportives ont été la cible d'actes de destruction...

Je suis effondré quand je vois une minorité de jeunes s'en prendre à des équipements collectifs et notamment sportifs. Brûler un gymnase ou un stade, c'est, pour un jeune, comme se tirer une balle dans le pied. C'est un des outils dont les jeunes ont besoin pour s'exprimer, s'épanouir, se réaliser au travers d'un projet qu'ils détruisent.

Peut-on encore considérer le sport comme un facteur d'intégration sociale ?

Je réponds résolument oui. Mais à plusieurs conditions. Au début des années 1980, on pensait qu'en construisant des panneaux de basket-ball en bas des cités on allait résoudre tous les problèmes. Le résultat a été très médiocre. La pratique sportive en elle-même n'apporte rien en termes d'éducation. Elle ne vaut que si elle transmet un certain nombre de valeurs. Ces repères dont on dit qu'ils manquent aux jeunes, seuls les éducateurs et les dirigeants associatifs sont en mesure de les transmettre. Seul le sport encadré peut avoir une valeur éducative et intégratrice.

C'est là que le bât blesse. Les fédérations doivent davantage inciter les clubs à engager une action en direction de ces populations. Il y a un an et demi, je leur avais assigné comme objectif que 10 % des 180 000 associations sportives aient identifié au bout d'un an un projet à fort contenu éducatif. J'avais, par certains, eu cette réponse : on fait tous de l'éducation. La preuve est apportée aujourd'hui que ce n'est pas vrai. Nous devons valoriser les bonnes pratiques associatives. Dominique de Villepin l'a justement souligné.

Le secteur associatif déplore que le gouvernement ait mis fin aux emplois-jeunes...

Ce dispositif a été un effet d'aubaine pour les associations, mais on n'a pas regardé si on pouvait pérenniser ces emplois et les associations n'ont pas toujours fait l'effort de former les jeunes. Le plan Borloo prévoit un contrat d'accompagnement vers l'emploi qui rétablit l'équilibre emploi-formation. Les associations recrutent surtout des personnes de plus de 25 ans et déjà expérimentées. Il faut réorienter ces contrats vers un public mieux ciblé. J'ai fixé un objectif de 45 000 contrats aidés dans le champ de l'animation hors sanitaire et social d'ici au début 2006. Mais les grands réseaux associatifs d'éducation populaire rechignent à recourir à ces contrats aidés. Je souhaite qu'ils signent des conventions d'objectifs avec nous.

Le secteur associatif sportif peut-il être générateur d'emplois ?

Le sport n'est plus simplement un outil occupationnel, c'est aussi des débouchés possibles en termes d'emplois, si une formation adéquate est proposée aux jeunes passionnés par la pratique sportive. C'est un secteur en pleine expansion, avec une forte demande d'encadrement. Nous allons mobiliser des moyens pour permettre à des jeunes de s'engager dans ces formations sans contrainte financière. Il nous manque par exemple au moins 1 000maîtres nageurs-sauveteurs en France.

Avec quels moyens allez-vous financer ses projets ?

Le plan de développement du sport que le premier ministre a décidé de mettre en place après l'échec de Paris 2012 comporte 100  millions d'euros sur trois ans qui vont nous permettre d'accompagner les clubs. Mais pour tout euro investi on doit évaluer la pertinence et l'efficacité de l'action. Il faut que les grands réseaux associatifs participent avec l'Etat à cette nécessaire évaluation.

Par ailleurs, le premier ministre a annoncé, mardi 8 novembre, le déblocage de 100  millions d'euros pour l'ensemble du champ associatif pour 2006. Je vais également y puiser des moyens pour accompagner les associations dans le nécessaire effort de la formation et de la pérennisation de l'emploi.

 

photo Gymnase de Noisy-le-Grand (ce qu'il en reste)


13:10 Écrit par vincent hecquet | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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