masterbad

Le Badminton doit s’ouvrir ou disparaître

Article de : The Jakarta Post – dimanche 13 mars 2005

A la veille de l'All England, Peter Gade (joueur du Top Danois) s'est plaint que la domination par des joueurs d'Asiatique réduisait le plaisir du sport pour les spectateurs.

L’ex-championne Susi Susanti affirme que le badminton doit faire un pas hors de ses centres traditionnels pour atteindre de nouvelles assistances. 

« Il y a une certaine vérité dans ce que Peter Gade a indiqué, parce qu'un match est toujours plus intéressant  lorsque les joueurs sont de différents pays.  Pourtant ce ne doit pas être une lutte entre l’Asie et l’Europe comme Peter l’a décrit. Les épreuves de force entre les joueurs Asiatiques intéressent également, comme mes rivalités avec la Coréenne Bang Soo Hyun et la chinoise Ye Zhaoying , ou Icuk Sugiarto et Han Jian dans les années 80. »

« La Chine est dominante en ce moment, mais il y a toujours du changement dans le top mondial. Au milieu des années 70, peut-être que certains ont pensé que l'Indonésie gagnait trop avec Rudy Hartono et Liem Swie King dans le Simple Hommes, mais aujourd'hui tout le monde lutte pour concurrencer les Chinois. Le Danemark a continuellement produit des joueurs du top, particulièrement dans les simples et doubles hommes. Ses joueuses de simple se sont rangées parmi les meilleures, et le Danemark a mieux réussi que nous (l’Indonésie) dans la régénération en sortant toujours des joueurs du top 20.  Il n'y a aucun doute que les Danois et d'autres Européens peuvent concurrencer au niveau supérieur, ils ont la technique et le physique. Mais il y a un aspect important, la « dureté » mentale, sur laquelle je pense les joueurs européens doivent encore travailler. »

« Dans certains sports aussi,  nous avons perdu avant d’avoir fait un pas sur le terrain, parce que les Indonésiens perçoivent les athlètes d'Europe et des Etats-Unis comme plus grands, plus forts et meilleurs que nous.  Dans le badminton, c'est l'inverse. J'ai eu plaisir de jouer contre les joueuses européennes de Suède et des Pays-Bas parce que je savais que bon nombre d'entre elles sont facilement nerveuses et donnerais des points. En perdant ou dans une situation de pression, ils commettraient des erreurs non forcées, comme cela  je ne me fatigue pas en les jouant.  Un exemple était Camilla Martin du Danemark. Elle était une joueuse très bonne, avec l'excellent travail de jambes, courses et style. Elle était grande, mais elle était également agile autour du terrain. Même les joueuses chinoises avaient peur quand ils devaient la jouer.  Mais j’ai toujours attendu avec intérêt de la jouer. La raison était que son modèle de jeu convenait au mien. La seconde était que sa force mentale était déficiente. Si elle faisait une erreur, elle était si fâchée sur elle-même qu’elle se désunissait complètement. »

« Je l’aimais hors du terrain, mais restait dans la tête le jeu comme quand nous sommes face à face au filet. Je sourirais parfois avec elle sur le terrain, en faite je m’amusais d'elle un peu, parce que je savais qu’elle allait s’énerver.  Elle a été championne du monde et championne de l'All England, mais elle aurait gagné plus si elle était mentalement plus dure. »

 « Je pense que la vraie issue pour faire que les tournois soient plus attrayants et excitants est d’assurer que le badminton ne soit pas limité dans sa popularité en Asie ou peu de pays en Europe, comme l'Angleterre, le Danemark et la Suède, comme c'est aujourd'hui. La Fédération Internationale de Badminton (IBF) doit travailler à apporter le sport sur des territoires inexplorés, comme l'Afrique, les U.S. et d'autres parties de l'Europe. Peut-être, doit-il exploiter l'exemple du tennis en pouvant atteindre tous les pays et les rendre populaires, et alors il y aura un plus grand groupe de joueurs de différentes nationalités. Le badminton doit suivre cette voie de telle manière qu'il soit attrayant pour ces gens et qu’ils soient motivés pour jouer. Si plus de personnes sont intéressées à jouer, alors naturellement il y aura plus de haute qualité du jeu.  Il doit également changer avec le temps et le goût des personnes, mais cela ne signifie pas que nous devrions éliminer les traditions de base. Quand l'All England s'est déplacée de Wembley à la National Indoor Arena à Birmingham en 1994, le nouveau stade était plus moderne, avec une sensation aussi plus impersonnelle,mais le sens de la tradition du tournoi est demeuré. »

« Un autre facteur pour améliorer la popularité du sport est un sponsoring accru. Avec plus de sponsors, il y aura plus d'attention au sport, et le badminton se développera. Encore, le tennis peut être employé comme exemple.  Accroître le nombre de pays peut fonctionner à son avantage. Je ne suis d’accord de dire qu'il peut défavoriser  l'Indonésie, bien que si il y a plus de concurrence, nos joueurs puissent perdre. Si un pays  est soutenu cela ne veut pas dire qu’il deviendra un champion.  Je suis très fiere et heureuse que le championnat du monde de cette année se tienne à Anaheim, en Californie, au lieu du Danemark ou de Singapour,ou les autres pays candidats. Ils auraient été de bons choix, aussi, mais le sport est déjà populaire là-bas.  L'IBF a fait un bon choix avec Anaheim. Maintenant, le public américain pourra voir que le badminton n'est pas un loisir de jardin, mais un sport qui combine la puissance et l'art.  Et nous tous savons cela si un sport est populaire aux U.S., sa popularité peut éclater à travers le monde.

Susi Susanti à Bruce Emond du Jakarta Post.

Susi Susanti, indonésie, ex-n°1 mondiale, championne du monde et Championne Olympique, aujourd’hui retirée.